Habiter la façade, France

Occupy the facade, France

Mon projet de fin d’études est un travail mené à travers une recherche théorique sur le concept de façade avec une approche par le biais de la réhabilitation. Ce travail découle d’abord de mon mémoire de master, puis de mon stage dans un laboratoire de recherche et enfin d’une expérience professionnelle. En agence, j’ai été amené à travailler sur une rénovation thermique. Dans ce cadre, l’intervention est technique et systématique, et elle est décontextualisée que ce soit vis-à-vis du rapport urbain, mais aussi du rapport aux logements et à leurs intériorités. Dans le cadre de mon Projet de Fin d’études, j’ai choisi de m’emparer de ce sujet en reprenant le projet sur lequel j’ai travaillé à l’agence Solécité pour capitaliser le temps de mes études. J’ai cherché à avoir un esprit critique à propos des opérations de ce type, pour tenter de les requestionner et de proposer une autre réponse face à ses problématiques de réhabilitations thermiques.

Et si la réhabilitation thermique dans son approche technique pouvait être le prétexte d’une requalification profonde de l’espace de la façade? Et si nous profitions d’un épaississement technique pour habiter et incorporer la façade? L’épaisseur de la façade est devenue pour moi un vecteur de transformation en profondeur de ces bâtiments. Cette nouvelle épaisseur à la fois physique et conceptuelle devient un outil pour travailler la façade en profondeur, en offrant à la fois de nouveaux usages relatifs à une société qui a changé, tout en venant redessiner et étudier formellement l’aspect extérieur du bâtiment pour chercher à redonner vie à ces façades. Grâce à mon mémoire de projet de fin d’études, j’ai pu mettre au point 5 outils à utiliser dans le cadre de la réhabilitation permettant d’aller au-delà d’un simple rajout d’isolation thermique par l’extérieur :

1/ La transgression intérieure/extérieure

La transgression intérieure/extérieur de l’ouverture revient à mettre en mouvement la limite entre l’architecture et la ville, créant une variété d’espace extérieur/intérieur transitif qui viennent complexifier et enrichir notre rapport au monde. Le corps et l’ouverture passent d’une situation de face-à-face, à une situation dynamique où le mouvement et les postures stimulent les perceptions et les interprétations.

2/ Le dédoublement de la façade

L’épaississement de la façade permet la décomposition de la façade en un espace métaphorique incorporable et parcourable. Cet outil permet de sortir de la dualité entre l’ouvert et le fermé pour gérer des degrés d’ouverture qui mettent en relation les espaces entre eux, mais sans les fermer. Pour aller à l’encontre du principe de juxtaposition, l’interpénétration spatiale se pose comme une solution qui remet en jeu la mise en place de seuil de transition entre espace privé et espace public, et permet d’enrichir les parcours et les surprises dans nos perceptions spatiales, par l’ambiguïté entre le caché et le visible.

3/ Modularité et matérialité

La fenêtre est ce lieu du regard où se joue la dialectique de l’ouvert et du fermé, de l’opaque et du transparent. Avec le mouvement moderne, les fenêtres de la modernité sont devenues des produits industriels qui ne sont plus à proprement parler des lieux de vie.Pourtant la modularité et la matérialité de l’ouverture offrent l’opportunité aux habitants de constituer une intimité qui leur est propre face aux regards et vue extérieure, par l’accumulation de filtres divers, de couches, de drapés qui personnifient le lieu et s’adaptent à différentes temporalités et à différents désirs. L’ouverture devient le support de l’action et de l’appropriation habitante qui deviennent lisible en élévation permettent l’expression d’une composition aléatoire et irrationnelle de la façade filtre devenant un spectacle mouvant et changeant.

4/ La façade à partager

Par son épaisseur habitée, la façade ne peut-elle pas devenir un espace de rencontre et d’échange avec ces voisins ? La façade habitée peut-elle devenir une héritière des espaces intermédiaires support de pratiques sociales ? L’espace habité de la façade peut-être vu comme un élément de langage médiateur entre la sphère privée et la sphère publique, comme un lieu de médiation entre sphère familiale et voisins, et peut hypothétiquement se transformer en un espace de rencontre. L’épaississement de la façade peut donc offrir l’opportunité de partager des extensions entre voisins comme des terrasses, des buanderies, des espaces de rangement…

5/ La façade en action

L’épaississement de la façade peut s’incarner dans un espace spécialisé de l’accueil des corps en actions. La façade devient moulée à la dimension humaine. Elle devient le lieu de mémoire de la trace habitante, de ces actions, de ces postures, de ces différences, et de ces particularismes. La spécialisation de l’espace de la façade permet de faire migrer l’action habitante sur les bordures du logement pour tenter de reconnecter le corps à la lumière naturelle et à son environnement direct, tout en permettant une lecture urbaine de ces mouvements depuis l’extérieur : la façade devient un spectacle dynamique et vivant.


The project for completing my degree is a theoretical approach to the concept of the facade through the lens of building restoration. This production is a result of several personal experimentations: my master’s thesis, an internship in an architectural research laboratory, and professional experience. I realized that the intervention is only technical and has become systematic. It is an action led without any regard to the relationship with the immediate urban context, and also to the inner character of the accommodations. For my last semester as a student, I chose to work on a project from the agency Solécité, which I was a part of at this time.

What if the thermal renovation through a technical approach becomes a pretext for a deep requalification of the facade as a place to live in? Can we take advantage of the technical thickening of the facade to occupy it and live inside? The thickness of the facade becomes for me an in-depth transformation vector. This thickness is both physical and conceptual. It is a tool to provide new uses that adapt the existing building to the new needs of today’s society. At the same time, it helps to redraft the appearance of the edifice and give back life to a repetitive and unvarying facade. Thanks to my diploma thesis, I could develop 5 architectural tools to use to go further than a simple thermal renovation of existing buildings:

1/ Inside/outside transgression

The inside/outside transgression of the opening is a way to make moving the limit between architecture and the city. It creates a variety of inside/outside transitional spaces that transform and enhance our relationship with the world. We see a shift from a face-to-face situation between the body and opening to a dynamic situation where movements and postures sharpen perceptions and interpretations.

 2/ Split facade

The thickening of the facade transforms a former limit into a metaphoric space that we may occupy and live in. The split facade is a tool to blur the usual duality between open and closed to handle subtle degrees of openness to link different areas without closing it. In opposition to the modern spatial juxtaposition, the spatial interpenetration puts transitional thresholds in place between private and public spaces. It enhances unexpected paths and surprises through our spatial perceptions that deal with the ambiguity between concealed and visible. 

3/ Materiality and modularity of the opening

A window is a place that embodies the glance and deals with the open/closed, transparent/opaque dialectics. With the modern movement, windows became industrial products, not living spaces any more. Materiality and modularity give to the inhabitants the opportunity to filter views from outside and create a personal intimate place. They can have a series of diverse filters, layers, and draperies to create their own atmosphere depending on desires and temporality. The opening thus becomes a medium that expresses movement and appropriation from the inhabitants. All of this is readable on the facade from the outside view. The facade metamorphoses into a random and irrational composition that is constantly moving and changing.

4/ Shared facade

Can the facade become a meeting and sharing space with neighbours thanks to its occupied thickness? Can the liveable facade be an intermediate space of social practices? The facade space can be seen as a mediator, a meeting point between the private and public spheres, and between domestic and neighbouring spheres. The thickening of the facade provides the opportunity to share expansions between neighbours, such as balconies, laundry rooms, storage rooms… –

5/ Human action facade

The thickening of the facade can embody a specialized zone for bodies in movement. The facade is then moulded into the human measurement. It becomes a place of memory of the actions, postures, and distinctively different characteristics of the inhabitants. Specialization of the space of the facade makes the resident’s actions migrate on the edges of the accommodations to reconnect bodies to the immediate environment and natural light. From the outside, all the movements are readable, the facade changes into a dynamic and living spectacle.